Moi défais mon tablier et je le raccroche au crochet quand une grosse bagarre éclate au centre du resto ; les bruits de verre qui vole en éclats et les cris emplissent l'air. Je fais demi-tour pour y aller, mais je m'arrête avant d'atteindre la porte, en me demandant intérieurement si j'ai envie de rentrer dans cette histoire. Je devrais y aller et aider, mais je viens juste de pointer, ce qui signifie que, techniquement, ce n'était pas mon problème à ce stade. J'ai décidé que je n'avais pas besoin de ce drama dans ma vie, alors avec un haussement d'épaules, je me suis dirigée vers mon casier, en sortant mon sac. La porte s'ouvre bientôt et mon ami Pierre arrive en courant ; il claque la porte, en plaçant son dos contre elle comme si elle allait de nouveau s'ouvrir.
"Tout va bien là-bas ?" je demande en riant un peu ; il lève les yeux vers moi, en tenant sa main contre sa poitrine ; il a même l'air essoufflé !
"Disons juste qu'une femme n'était pas contente de ce que l'homme avait à dire." Il parvient à dire en enlevant son tablier et en le suspendant à côté du mien ; bon, ça ne m'a pas beaucoup aidée. "Je lui dis chapeau ; il s'est tiré de là avant qu'ils aient des enfants." Il soupire, en me donnant enfin quelque chose ; oh, le mec a dû rompre avec sa copine, et elle ne l'a pas bien pris ; vous ne croirez jamais combien de fois ça arrive ici.
"Eh bien, je suis contente de m'être barrée avant que ça explose." Je ris, en fermant mon casier ; il m'envoie un sourire en secouant la tête, tout en ouvrant son casier.
Je commence à marcher vers la porte de derrière toute seule, mais je l'entends bientôt claquer son casier et se précipiter pour marcher à côté de moi ; je ris en le voyant m'ouvrir la porte.
"Jess fait une soirée ce soir ; tu veux venir avec moi ?" Il demande pendant que nous sortons par l'arrière du resto ; le soleil commençait à se coucher quand nous sommes arrivés au parking.
"Je sais pas ; enfin, on est en milieu de semaine." Je grogne, sachant que j'ai l'air d'une vieille, mais j'ai eu une longue journée ; je n'ai pas envie d'être la seule sobre, à faire en sorte que personne ne fasse de conneries, comme toujours.
"Allez, ce sera fun, et on aura l'air de quoi si on dit qu'on y va et qu'on n'y va pas ?" Il sourit, en allant vers sa voiture tandis que je vais vers la mienne, mais je me fige en regardant sa tête de fier.
"Tu lui as dit qu'on irait sans même me demander ?" Je m'exclame, en déverrouillant ma voiture ; il rit, en hochant la tête, en ouvrant la portière de sa voiture ; je regarde le sol, sachant que je regretterai la phrase suivante qui va sortir de mes lèvres. "Ok, d'accord, mais je ne reste qu'une heure, deux au plus." J'abandonne, en le pointant du doigt avec ma clé ; il rit, en jetant son sac à l'arrière, sachant qu'il avait gagné.
"Tu dis ça tout le temps ; je suis chez toi à 9 heures !" Il crie, en montant dans la voiture ; je lève les yeux au ciel, en regrettant instantanément d'avoir accepté de le rejoindre et le reste des relous du boulot.
Pourquoi je cède facilement ? J'aurais pu dire non, mais je n'y arrive pas ! Je suis trop gentille, ce qui craint parfois. Pierre et moi sommes amis depuis des années maintenant ; l'année où on a quitté l'école, on s'est tous les deux retrouvés à une soirée de fin d'études au hasard, à une époque où les soirées étaient encore funs. On a accroché presque immédiatement, et le reste appartient à l'histoire. Je démarre rapidement ma voiture en rentrant à la maison, toujours énervée par cette histoire de soirée.
En entrant chez moi, j'entends Papa chanter dans la cuisine ; je souris, en accrochant mes affaires, en entrant, où il était en train de remuer un pot de nourriture sur le fourneau. J'aurais déménagé il y a longtemps, mais après il serait tout seul dans cette grande maison ; Mère travaille comme avocate et voyage dans tout le pays et n'est presque jamais à la maison. Elle a probablement été à la maison une trentaine de fois pendant mes vingt-trois ans de vie ; il n'y a que Papa et Moi depuis des années ; c'est vraiment bizarre quand elle est à la maison car elle a manqué beaucoup de choses. Je m'approche en lui embrassant la joue en regardant ce qu'il cuisinait, ça ressemblait à un ragoût ou quelque chose comme ça.
"Tu en veux ?" Il demande en me regardant, en tenant un peu sa mixture, je secoue la tête en allant au frigo chercher de l'eau.
Enfin, il est un bon cuisinier et quoi que ce soit, ce sera incroyable, je n'ai juste pas envie de ragoût ce soir surtout, avant de devoir assister à cette soirée relou, oui, je n'ai pas encore digéré ça.
"Fais comme tu veux, j'ai mis des ingrédients de ouf dedans, ce sera légendaire, je devrais en fait commencer à en vendre pour faire fortune." Il plaisante en faisant des mouvements bizarres avec ses mains, je ris en sautant pour m'asseoir sur le comptoir en le regardant, lui et ses actions bizarres.
"Eh bien, si ça arrive, je goûterai absolument, je ne serai pas là ce soir, Pierre me traîne à cette soirée, à laquelle je n'ai vraiment pas envie d'aller." Je soupire en buvant une gorgée d'eau tandis que Papa regarde dans le placard aux herbes, ça sentait déjà qu'il avait mis assez d'herbes dans le ragoût.
"Je ne sais pas pourquoi tu n'arrives pas à dire non à ce mec parfois, mais je suppose que tu vis ta vie." Il hausse les épaules en ramassant une herbe verte bizarre en la jetant dans le pot, sait-il seulement ce qu'il met dans ce truc ?
"Ouais, je suppose, je vais juste changer de vêtements de travail et peut-être que quand je serai descendue, je goûterai à ton ragoût légendaire." Je souris, en me levant en allant vers l'escalier, mais je lui jette un coup d'œil en arrière en chantant à nouveau, ce qui fait apparaître un sourire sur mon visage, il dansait joyeusement sans musique.
Je secoue la tête en montant les escaliers vers ma chambre en fermant la porte derrière moi, je ne mets pas longtemps à me changer, en jetant juste un jean et un haut. Quand j'ouvre la porte de ma chambre, une épaisse fumée noire emplit le couloir, il veut foutre le feu à la maison ?!
Je vais vers l'escalier où j'entends de l'agitation à l'extérieur, surtout des cris. Je n'y fais pas trop attention car nos voisins sont toujours à couteaux tirés.
En descendant les escaliers, encore plus de fumée emplit la pièce, pourquoi n'a-t-il pas essayé d'ouvrir une porte ou même une fenêtre ?! J'arrive à l'entrée de la cuisine pour découvrir que le ragoût qu'il prépare était toujours sur la cuisinière, mais qu'il était en fait en feu, mais il n'était pas là, je cours pour ramasser la casserole chaude en la jetant dans l'évier.
"Papa, tu essaies de foutre le feu à la maison ?" Je demande en ouvrant le robinet en faisant siffler et fumer la casserole, ok, ce n'était peut-être pas la meilleure idée. "Papa, où es-tu ?" Je demande en prenant un torchon pour essayer d'éventer la fumée loin du détecteur de fumée, toujours sans réponse de sa part.
"Papa, où es-tu ? Je sais que tu as brûlé ton ragoût légendaire, mais tu n'as pas besoin de te cacher, on peut juste commander une pizza ou quelque chose comme ça." Je suggère en sortant de la cuisine pour aller dans le salon, mais toujours rien.
Je retourne dans la cuisine pour voir que la porte coulissante est un peu ouverte, Papa est toujours bizarrement obsédé par le fait de garder cette porte fermée, ce qui attire immédiatement mon attention.
Je l'ouvre complètement en sortant dans le jardin où le portail était également grand ouvert, ok, il n'y a aucun moyen qu'il laisse ça ouvert. Je regarde autour du jardin, mais aucun signe de lui, la panique commence à se frayer un chemin en moi alors que je commence à appeler son nom. Je cours à l'intérieur de la maison et dans ma chambre où était mon téléphone, quelque chose n'allait pas, Papa ne ferait jamais une chose pareille.
"Papa, je te donne dix secondes pour sortir d'où que tu te caches ou j'appelle Maman, tu sais qu'elle dit de ne l'appeler qu'en cas d'urgence !" Je crie en faisant le tour de la maison en vérifiant que je n'ai rien manqué, mais je revenais sans cesse à la porte coulissante et toujours aucun signe de Papa, je clique sur le nom de Maman en portant le téléphone à mon oreille.
"Ça sonne !" Je crie en espérant qu'il sorte d'un placard ou quelque chose comme ça, mais il ne sort pas alors que le téléphone continue de sonner.
"Allô," La voix de Maman dit à travers le téléphone en me faisant me figer, je n'ai pas entendu sa voix depuis ce qui me semble une éternité. "Moi, allô." Elle répète ce qui me sort enfin de ma transe, je continue à courir dans la maison en le cherchant.
"Papa est parti, genre complètement parti, il était là une minute et maintenant il a juste disparu, j'ai tout vérifié mais je ne le trouve pas." J'explique rapidement en saisissant mon manteau en ressortant par la porte coulissante pour voir s'il se cachait encore, mais au fond de moi, je savais qu'il ne laisserait pas une blague aller aussi loin.
"Qu'est-ce que tu veux dire par Papa est parti ?" Elle demande alors que j'arrive à la porte du jardin, mais il n'était pas là, j'étais en panique, et ça m'énervait qu'elle ne le soit pas.
"Papa était en bas en train de préparer le dîner, je monte pour me changer mais quand je descends, le dîner est en fait en feu et il est parti, sa voiture est toujours garée à l'arrière de la maison, mais la porte était ouverte ainsi que le portail." J'explique plus en détail en sortant du portail en regardant autour de moi, il n'était pas dans la rue que je pouvais voir. 'Écoute-moi Maman, il est parti, Papa n'est pas comme ça, j'ai un mauvais pressentiment." Je dis alors que les phares s'allument au bout de la route avec des crissements de pneus, en quelques secondes la voiture se dirigeait droit vers moi, je crie en sautant sur le côté en atterrissant sur le sol.
"Moi, Moi ! Moi !" J'entends Maman crier au téléphone, je la regarde, allongée à quelques mètres de moi sur l'herbe, mais tout devient noir.
Je me réveille en souffrance en regardant autour de moi, c'était flou, mais je savais que j'étais toujours allongée sur l'herbe. Les phares d'une voiture m'éblouissent et en quelques secondes, une personne était à côté de moi, quelqu'un que je n'ai jamais vu de ma vie.
"Moi, je travaille avec ta Maman, elle m'a dit de venir te chercher." Il commence à expliquer, je le regarde alors qu'il m'aide à me lever, ce que je n'arrivais pas à faire très bien, il essaie de m'aider à marcher mais je n'y arrive tout simplement pas, mes jambes étaient en gelée.
Il me prend et court vers la voiture, quelqu'un d'autre ouvre la porte, je suis placée à l'arrière avant de m'en rendre compte, nous roulions sur la route. Je lève les yeux pour découvrir que ma tête était posée sur les genoux de quelqu'un.
"Maman ?" Je demande alors que le monde commence à s'assombrir à nouveau et avant que je ne m'en rende compte, je me suis évanouie pour la seconde fois.